« Deux cents hommes de cavalerie de plus ou de moins ne sont rien. Deux cents gendarmes de plus assurent la tranquillité de l’armée et le bon ordre » (Napoléon). Missions et comportements des gendarmes prévôtaux, des guerres de la Révolution à la guerre d’Indochine


Par le Professeur Jean-Noël Luc (Université Paris 4 Sorbonne)

JEUDI 2 FEVRIER


Hérité de la maréchaussée, le mot prévôté désigne les unités de gendarmes détachés auprès des armées en opération. Les formations prévôtales assument des tâches multiples : police des autres soldats, traque des fuyards et des espions, interrogatoire et transfert des prisonniers, préservation de la fluidité du trafic, contrôle des civils à la suite des armées, maintien de l’ordre dans les territoires occupés, répression d’une partie des actes d’indiscipline et d’autres infractions par les cours et les prisons prévôtales. En protégeant les « habitants du pays contre le pillage et toute autre forme de violence » (ordonnance de 1822), les prévôtaux cherchent également à obtenir le soutien d’une partie de la population, selon un raisonnement théorisé plus tard par la doctrine « Gagner les cœurs et les esprits ».
L’histoire, récente, de la « force publique » aux armées est féconde. Elle permet d’observer sous un angle original le déroulement des opérations, le quotidien et l’obéissance des soldats, entre contrainte et consentement, les relations des troupes avec les populations. Elle éclaire l’expansion et les enjeux, politiques et sociaux, de la justice militaire, ainsi que la place et les limites du droit, en temps de guerre. Elle contribue à élargir l’histoire militaire à « tout ce qui prépare et concourt aux combat », comme le recommandait, en 1996, l’un des grands promoteurs de ce champ de recherche, André Martel.


Professeur à Paris 4 Sorbonne, et ancien directeur de l'UFR d'histoire de cette université, Jean-Noël Luc est spécialiste de l’histoire sociale et culturelle de la France. Ses travaux et ses enseignements concernent, d’une part, l’histoire du système scolaire, d’autre part, l’histoire des forces de sécurité, et principalement de la gendarmerie. Sur ce dernier objet d’étude, il a ouvert, en 2000, à Paris-Sorbonne, un chantier de recherche qui a fourni des matériaux à 45 ouvrages.

 Le conférencier met à la disposition du public une bibliographie sélective ici.
 
Les guerres d'Italie : une lecture religieuse

Par le Professeur Jean-Marie Le Gall (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

JEUDI 19 JANVIER



 
Professeur à Rennes II puis à Paris I Panthéon-Sorbonne, directeur de l'UFR d'histoire de cette université depuis 2012, Jean-Marie Le Gall est spécialiste du XVIe siècle européen. Ses travaux portent sur la vie religieuse au temps des réformes, les humanistes, la vie culturelle, et depuis une dizaine d'années, sur la guerre. Dans ce domaine, il a notamment publié L'honneur perdu de François Ier. L’année de Pavie, Payot, 2015. En février paraitra chez Droz (Genève, 2017) Les guerres d'Italie, une lecture religieuse.
Suite aux attentats de 2015, il a publié avec Denis Crouzet un livre  Au péril des guerres de religion (PUF 2015). Dans la foulée de cette publication, ces deux auteurs ont continué de réfléchir sur notre temps en faisant paraître deux articles intitulés : « L'histoire, rempart de la laïcité? » et « Réflexions sur les massacres religieux de 2015 » dans la revue Commentaires (n° 155, automne 2016). En février 2017, ils publieront deux articles dans la Revue des deux mondes, « Ceci n'est pas religieux » et « Le théâtre des cruautés ».
Depuis 2015, bien des commentateurs, y compris religieux, ne cessent de dire que ces attentats ne sont pas d'inspiration religieuse, mais procèdent de divers maux de la société tandis que d'autres pointent le rôle des phénomènes migratoires pour localiser les problèmes ailleurs et y faire la guerre.
Ce propos entend replacer ces attentats dans le cadre d'une réflexion globale et pas seulement francocentrée et qui interroge le rapport entre violence et religion. Le temps des guerres de religion qui frappèrent L’Europe entre les XVe et XVIIe siècles invite à interroger ce paradigme « guerre de religion ».


 Le SHD met à la disposition du public une bibliographie sélective ici.
 

2016
 

Les guerres des Mamelouks aux XIIIe et XVe siècles,
entre jihad et recherche de légitimité


Par Mehdi Berriah

JEUDI 8 DECEMBRE 


 
L'auteur est doctorant en histoire du monde musulman médiéval. 
 

Bombardes, miracles et propagande :
le siège de Rhodes par les Ottomans en 1480
 


Par Laurent Vissière

JEUDI 17 NOVEMBRE



 

Au printemps 1480, les Ottomans mirent le siège devant la cité de Rhodes, capitale de l’ordre de l’Hôpital, et, durant trois mois, jour et nuit, ils pilonnèrent les murailles de leurs bombardes géantes. Mais les défenseurs, galvanisés par le grand maître, Pierre d’Aubusson, résistèrent avec acharnement, contraignant les envahisseurs à rembarquer sans gloire. Des deux côtés, on eut recours aux armes les plus modernes — l’artillerie, les feux artificiels, les machines infernales—, mais aussi à la guerre psychologique, aux espions et aux traîtres. Le siège s’acheva sur une série d’interventions miraculeuses qui auraient mis en fuite les Turcs, alors même qu’ils s’étaient emparés d’une portion des remparts. L’étrange victoire des Chevaliers face à un ennemi réputé invincible fut l’un des événements les plus médiatisés du XVe siècle.
 
Ancien élève de l'ENS et de l'Ecole des Chartes, Laurent Vissière est maître de conférences en histoire médiévale à l'université de Paris-Sorbonne. Auteur d'une biographie de Louis II de La Trémoille (1460-1525), il s'est intéressé à la période charnière des guerres d'Italie, en étudiant aussi bien les questions politiques et militaires qu'artistiques et culturelles. Laurent Vissière travaille actuellement sur la vie quotidienne des populations de villes assiégées à la fin du Moyen Age. Il a publié sur ce thème un gros ouvrage sur le siège de Rhodes par les Turcs en 1480 – objet de la présente conférence – et dirigé un autre sur le siège de Dijon par les Suisses en 1513. Il a également coordonné avec Marion Trévisi « Le feu et la folie », un colloque consacré à l'irrationnel en temps de guerre.

 

Musulmans dans l’armée française :
perspectives historiques et nouveaux défis
 


Par Elyamine Settoul

JEUDI 13 OCTOBRE


 
La question de l'islam est une donnée ancienne au sein des armées françaises. Partant d'une perspective sociohistorique, cette communication se propose de retracer la place des musulmans au sein de l'institution militaire. Elle identifie dans un second  les nouveaux défis qu'elle pose dans un contexte politique et géopolitique particulièrement sensible.
 
Elyamine Settoul est titulaire d’un doctorat de science politique obtenu à Sciences-Po Paris. Sa thèse réalisée en partenariat avec le CERI et l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire analyse le phénomène de l'engagement des militaires issus de l'immigration. Ses champs d’intérêt incluent la sociologie de l’immigration, les questions de cohésion sociale (laïcité, discriminations..) et l’espace arabo-musulman. Ses publications décryptent les transformations sociologiques et organisationnelles des armées (diversification, féminisation, gestion du fait religieux…). Il a été doctorant invité au département de sociologie de l’université d’Oxford (2011) et Jean Monnet Fellow au Robert Schuman Centre For Advanced Studies de Florence (2013-2015). Enseignant à Sciences Po Paris, il travaille actuellement en collaboration avec le ministère de la Défense sur les phénomènes de radicalisation au sein de la jeunesse française.
 

Du service de Dieu au service du roi :
raison d'Etat et conscience religieuse au XVIIe siècle. 



Par le Professeur Hervé Drévillon

JEUDI 29 SEPTEMBRE



 
Après s’être combattus pendant les guerres de Religion, catholiques et protestants français ont éprouvé la fraternité d’armes dans les armées du roi à partir de 1635. Cette coexistence religieuse a contribué à renforcer l’idée d’un Etat et d’un idéal militaire transcendant les divergences confessionnelles.
 
Hervé Drévillon est professeur d’histoire moderne à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et directeur de l’Institut des études sur la guerre et la paix. Il est depuis mars 2016, directeur de la recherche du Service historique de la Défense.
 

Le Génie en Afghanistan

Par le Lieutenant (R) Christophe Lafaye

JEUDI 16 JUIN


L'Afghanistan marque pour l'armée française le retour des combats de haute intensité. Entre 2001 et 2014, 70 000 militaires s'y rendent, faisant de ce théâtre d'opérations un véritable creuset pour une nouvelle génération du feu après celle de la guerre d'Algérie. La compréhension de ce conflit se révèle indispensable pour comprendre les nouveaux défis qui attendent une armée de Terre en pleine mutation. Pour le Génie, cette opération signe le retour au premier plan des savoir-faire liés aux opérations de contre-guérilla. Dès 2003, les Taliban utilisent les engins explosifs improvisés pour faire peser une menace lourde sur les troupes déployées au sol. Le génie se dote d'une chaîne complète de moyens pour lutter contre ces bombes artisanales, responsables de plus de la moitié des pertes de la coalition occidentale. Un ouvrage décisif pour comprendre l'engagement français en Afghanistan au plus près du terrain.
 
Christophe Lafaye est docteur en histoire de l’université d’Aix-Marseille. Cette communication est issue de sa thèse «Le génie en Afghanistan : adaptation d'une arme en situation de contre-insurrection (2001-2012) : hommes, matériels, emploi », thèse distinguée par le Prix d’histoire militaire 2014.

 


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